Bernard Giraudeau écrit une lettre très émouvante à David Servan-Schreiber, publiée sur le site guerir.fr, à propos du cancer :
David,
Ceci n’est que mon témoignage, mon ressenti tout au long de la maladie. Chacun son chemin certes mais tous sont passés par les hôpitaux, les soins, la souffrance, le questionnement, la peur, les erreurs, l’injustice parfois, parce que nous sommes inégaux. Je crois sincèrement qu’il y a un mouvement, une prise de conscience puisque tout le monde est touché de près ou de loin.
Mais aucune molécule ne nous guérira, n’endiguera l’épidémie des pathologies s’il n’y a pas l’abnégation des chercheurs, des médecins, leurs regards sur la maladie mais surtout une meilleure connaissance du malade, de sa vie, de son terrain, de son rythme biologique, de son unicité.
Il faut être aussi dans la logique du patient, dans sa chronobiologie, mais nous sommes si nombreux… C’est beaucoup demander ? Non : c’est primordial.
Sans amour de l’être, de l’humain, il n’y a pas de guérison possible, la guérison de la maladie et la guérison de soi. Un médecin me disait, j’ai guéri des malades mais si la maladie ne leur à rien appris alors je ne les ai pas guéris.
Je disais épidémie car si la science soigne de plus en plus de maladies, il y a de plus en plus de malades. Elle court après la maladie.
Il faudrait avoir la connaissance suprême, nous ne l’avons pas. Le but visé est une meilleure qualité de vie, celui d’écrire une nouvelle page de vie et d’éloigner la souffrance. Apporter de la vie à notre vie comme me le dit souvent mon ami Thierry Janssen.
Il faut aider les malades à aborder des thérapies complémentaires en fonction de leur besoins et qu’elles soient accessible à tous.
Le médecin attentif devrait avoir le temps et la possibilité de bien connaitre chacun de ses patients. Etudier le comportement des cellules implique, me semble-t-il, d’étudier le comportement du patient. Patient, un drôle de nom qui laisse le malade sous dépendance. C’est ce qu’il ne doit pas accepter. La médecine ne devrait avoir aucun préjugé et nous sommes tous d’accord qu’elle en a encore beaucoup.
Aujourd’hui, il me semble que des portes s’ouvrent, desquelles ne vient pas encore une lumière éblouissante, mais des lueurs qui nous permettent d’espérer, d’entrevoir des approches.
Ce mouvement circadien, cet inévitable lien entre l’homme et l’univers, il faut que la science en tienne compte. Pour certains chercheurs c’est déjà établi et nos enfants bénéficieront de cette connaissance globale, de cette médecine intégrative dont on commence fort heureusement à parler.
Il y a malades et médecins et la plupart d’entre eux ne savent rien de ce que nous vivons, ou si peu. Nous devons les aider.
Pour nous malades, il faut nous explorer.
Nous prendre en charge.
Sortir de l’isolement. Etre entouré, recevoir et donner de l’amour,
Communiquer.
Avoir un comportement adapté, une foi inébranlable.
Notre cancer est unique et les statistiques n’ont pas de sens.
Trouver le déséquilibre en soi, les peurs, les angoisses.
Il n’y a pas de combat, ni de lutte.
Ce n’est pas une guerre.
Ce n’est pas un ennemi, c’est notre corps.
Difficile et dommageable d’être frontal. Une maladie arrive, c’est le corps qui s’exprime. Si la maladie devient un ennemi visible, on ne soupçonne pas sa logique de guerre, son invisible guérilla. C’est sans fin. On ne vainc pas une guérilla.
Il importe d’être l’étrave. Chaque démarche doit être unique. Pour cela il faut donner à tous les moyens de la faire. C’est un luxe d’être malade aujourd’hui. Je veux dire que s’occuper de soi, aborder certaines thérapies, se prendre en charge et aller à la reconnaissance de la maladie demande du temps et souvent de l’argent. C’est parfaitement injuste. J’aimerais que ce ne soit plus un privilège. Le système et le profit n’aide pas en ce sens et il est urgent de bousculer les pouvoirs public et les politiques.
On sait aujourd’hui que la médecine scientifique, technologique, déjà très évoluée, ne peut pas tout régler. Elle a besoin de notre aide. D’où, encore une fois, le dialogue et nous sommes là pour ça : construire des ponts et arrêter de construire des murs. Médecins, vous êtes, je le sais, si nombreux à chercher des passerelles, des ponts, des mains tendues.
GEORGES BATAILLE disait : Ne remettons pas notre existence à demain. C’est maintenant.
Bernard Giraudeau, 22 Août 2008
**********
20 heures, A2 – 04/02/2007 : Bernard Giraudeau
Très joli lettre ,très émouvante que Bernard giraudeau a écrit;
c’est tellement bien écrit tellement vrai;
Bernard j’aimerais tant que vous en sortiez de cette sale maladie!
je t’adore!
Val