Voilà un parfait sujet de philo en cette période de révisions du bac, qui m’est bien étrangère ! (Même si Roland Garros annoncera toujours, pour moi, la saison des ultimes révisions d’exam)
Rousseau a une vision très masochiste de l’affaire :
« Tant qu’on désire on peut se passer d’être heureux; on s’attend à le devenir; si le bonheur ne vient point, l’espoir se prolonge, et le charme de l’illusion dure autant que la passion qui le cause.Ainsi cet état se suffit à lui-même, et l’inquiétude qu’il donne est une sorte de jouissance qui supplée à la réalité, qui vaut mieux, peut-être. Malheur à qui n’a plus rien à désirer! il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient de ce qu’on espère, et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. En effet, l’homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peut obtenir, a reçu du Ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination , qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.Mais tout ce prestige disparaît devant l’objet même; rien n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur; on ne pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance.«
Julie ou la nouvelle Héloïse, 6ème partie,
lettre VIII,de Mme de Wolmar à Saint Preux.
Rousseau retourne donc la question, autrement dit : Peut-on être heureux si l’on ne désire rien ?
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