Ce reportage de Marina Julienne montre à quel point l’école de la République a atteint ses limites, faute de volonté d’évoluer.
Le fait est que, de nos jours, malgré des rythmes scolaires intensifs, les petits français ne font plus parti de l’élite européenne. Ce qui est choquant, c’est que d’après ce documentaire 50% des enfants seraient en difficulté scolaire.
« Quand l’élève ne sait pas, c’est que le professeur a mal appris » et a fortiori quand cela s’applique à toute une génération … c’est que la méthode est mal adaptée.
La vérité est que cette institution a besoin maintenant de se donner une ligne de conduite à long terme, en se demandant quels citoyens adultes la France souhaite développer pour l’avenir.
Quelles sont les rythmes biologiques et intellectuels des enfants et comment réaliser un suivi individualisé de chaque enfant de manière efficiente ?
Il est aberrent de constater qu’en bilan de fin d’année, une maitresse de petite section explique affligée que votre enfant de 4 ans (en l’occurrence Petit Ginkgo) a encore besoin de jouer. Peu lui importe que son niveau scolaire soit largement au dessus de celui de ses camarades ! « Il ne veut même pas savoir si son exercice est juste, il part jouer dès qu’il a fini. » Fabriquons-nous des petits moutons bien notés selon leur capacité à rester assis sur un banc pendant 6h de classe ?
Le business des cours de soutien est en développement exponentiel. Ce qui montre que l’enseignement n’est plus un droit pour toutes les classes sociales. Autrefois, les cours élitistes post-bac étaient peuplés de 13% d’enfants défavorisés, aujourd’hui ce pourcentage s’est réduit à 3%. Il y a ceux qui ont la chance de pouvoir être aidés par leurs parents et les autres.
Comment expliquer que dans certaines écoles le soutien individualisé pour les enfants en difficulté soit proposé à toute une classe ? Personnellement j’en conclue que l’enseignement n’a pas été adapté à leur niveau et que l’on essaie de bâtir sur des lacunes toujours plus béantes.
Il est temps de réformer l’enseignement en lui donnant les moyens financiers et pédagogiques ainsi que des ambitions pour l’avenir.
C’est en parti à cause des problèmes actuels de l’école républicaine,
que nous avons choisi l’enseignement Montessori pour Petit Ginkgo.
Voilà un sujet majeur dont les candidats aux présidentielles devraient s’emparer. En espérant qu’ils ne fassent pas de promesses en l’air …
***************
Notre système éducatif atteint ses limites. Malgré des programmes surchargés, des rythmes scolaires intensifs, des évaluations à répétition, les résultats ne sont pas à la hauteur, et notre école est de plus en plus inégalitaire : nous ne parvenons pas à faire réussir les plus faibles.
Tandis que les écoliers finlandais, qui bénéficient d’un système beaucoup plus souple, ont de bien meilleurs résultats, nous nous entêtons dans un système éducatif hyper sélectif. La pression scolaire gagne même la maternelle, où nous avons pu filmer les premières évaluations. Pour les parents, l’angoisse est à son maximum, le marché du soutien scolaire pour le primaire est en plein essor, les « colonies de vacances éducatives » se développent.
Le film donne la parole aux parents, enseignants, chercheurs en sciences de l’éducation, qui ne se satisfont plus de l’école telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, et soulignent l’urgence d’un changement. »
Mardi 10 janvier 2012 à 20.35 (inédit)
Le Monde en face
L’Ecole à bout de souffle
Documentaire
Les élèves sont-ils tous égaux devant la réussite ? Telle est la question à laquelle tente de répondre ce documentaire de Marina Julienne proposé par Carole Gaessler dans Le Monde en face. Tourné en France et à l’étranger, il donne la parole aux acteurs clés du monde éducatif.
Professeurs, parents, sociologues… tous reconnaissent que l’école accomplit sa mission pour la majorité des élèves, mais qu’un trop grand nombre d’entre eux sont encore laissés sur le bas-côté de la route. Outre les inégalités induites par le milieu familial, la densité des programmes scolaires est largement mise en cause. Comme en témoigne Sandrine Vercoutère, professeure des écoles à Arras, dans le Nord-Pas-de-Calais, « on met trop de choses dans la tête des élèves. Or, aller trop vite dans l’apprentissage, c’est compromettre leurs chances pour l’avenir. » Cet excès est confirmé par les statistiques officielles : avec 860 heures depuis le début de leur scolarité, la moyenne d’heures de cours des enfants de 7 ans en France serait supérieure de 100 heures par rapport à celle des autres élèves européens. Devant ces chiffres surprenants, comment permettre à tous les écoliers de tenir le rythme sans être à la traîne ? D’autant que tous ne possèdent pas les mêmes armes pour s’en sortir. C’est ce que souligne Marie-Christine Foy, une graphothérapeute qui aide les enfants en difficulté : « Depuis quatre ans, je reçois de plus en plus d’élèves en échec scolaire. Certains sont trop lents, d’autres écrivent de manière illisible ou bien sont totalement bloqués. » Un problème qui, selon le pédagogue Philippe Meirieu, dépend avant tout de l’environnement familial : « Ce sont les enfants qui peuvent réfléchir à la maison, résoudre des problèmes avec leurs parents et s’interroger avec eux sur des enjeux importants qui réussiront. »
Pour limiter l’échec scolaire
La réalisatrice du documentaire L’Ecole à bout de souffle s’est aussi intéressée à ce qui se passe à l’étranger, du côté de la Finlande. Ce pays, qui occupe la tête des classements internationaux des bons élèves, propose un système des plus originaux. Ainsi, cet Etat a supprimé dans les années 1970 la distinction entre l’école primaire et le collège. Par ailleurs, le recrutement des professeurs est effectué par les établissements scolaires eux-mêmes. Les enfants apprennent également à lire un an plus tard et ne sont évalués qu’à partir de 12 ans. Autre attrait du système scandinave ? Le refus de toute sélection pouvant stigmatiser les élèves les moins performants. Enfin, dans des classes volontairement réduites, ces derniers sont encadrés par trois professeurs et un étudiant. Un exemple sans doute à méditer.
Yannick Sado
Documentaire
Durée 52’
Auteure-réalisatrice Marina Julienne
Production France Télévisions / Cinétévé / CNRS Images
Année 2011