L’humain atténue souvent les mauvais souvenirs.
Comme si l’on passait notre mémoire au filtre, pour n’en retenir que les bons cotés.
Alors que nous étions sans le sou, dans un studio d’une vingtaine de m², à la recherche de notre premier vrai job, je me souviens avoir dit à Ange :
« Ce n’est pas facile tous les jours, mais tu verras quand on sera vieux, on se remémorera ces années nostalgiquement, en se disant que c’était le bon temps !«
Même avant d’être vieux … je le pense déjà …
Nous avions le temps, à défaut de l’argent, des amis sur place, beaucoup d’espoir et une certaine insouciance.
Si le cerveau ne faisait pas son office de trieur, le taux de suicide ne serait-il pas extravagant ?
Bien sûr, je me place à une échelle moyenne. Il est hors de question de comparer avec des traumatismes graves, des calvaires psychologiques ou physiques. Mais peut-être y a-t-il un petit effet d’atténuation qui permet de vivre avec de si terribles expériences ?
La douleurs des opérations n’est pas restée dans ma mémoire d’enfant, juste des faits, des sentiments et des nattes africaines que me faisait une infirmière …
En parlant de mémoire, l’amnésie infantile me laisse interrogative …
Quel est son but ?
L’enfant jusqu’à 3 ans traite probablement un tel monceau d’informations qu’en dehors des acquis de développement, la plupart des souvenirs sans aspect émotionnel s’enfouissent. A mon sens, ils ne disparaissent pas, puisqu’il parait que l’hypnose peut faire revivre sa naissance à un individu.
A l’étonnement de mes parents, j’ai pu décrire une maison entière, vendue avant mes 3 ans, sans en avoir vu de photos. J’ai quelques souvenirs de ce type très clairs.
C’est surement pour ça que mon cerveau court-circuite de temps en temps ?
Ce qui m’effraie là dedans, c’est que si pour d’incroyables raisons, Petit Ginkgo était séparé de nous actuellement … il n’aurait aucun souvenir de cette vie et de l’amour qu’on lui porte. Peut-être au fond de lui, mais c’est bien léger !
Le cerveau me passionne.
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