Il ne me semble pas que l’on ait pu échapper cette semaine, à la promotion de Cher Amour, roman autobiographique, de Bernard Giraudeau, sur toile de voyage, menant une très belle réflexion sur l’amour.
L’écrivain du Marin à l’ancre qui montait l’escalier avec son sac de pierre, semble avoir trouvé des réponses à cette quête perpétuelle alors que la maladie le frappe. Cet homme, en constante recherche du moment de grâce, du moment sacré que l’on trouve, dans une vie, une ou deux fois sur scène ou ailleurs, explique : « L’instabilité. Le problème de cet homme c’est effectivement de pouvoir un peu se fixer. »
« Je vous raconterai alors ce qui est impossible d’écrire, mes peurs, mes colères, l’enfance désespérée, la fureur de vivre, l’amour violé. »
Il clarifie, dans cette émission de France 5, La Grande Librairie : « L’enfant avait déjà compris depuis longtemps, que ce ne pourrait pas être cette vie, qu’on lui présentait comme ça sur un plateau, que ce serait autre chose. Donc, il y a un désespoir permanent jusqu’au bout.«
Cher Amour est surtout une ode à l’amour, à Madame T, sans laquelle il ne pourrait pas vivre. Tous ces voyages, de tous ces arrêts ont été nécessaires pour comprendre cela. « En votre absence, je me noie. (…) Dépêchez-vous (…) Aimer ce n’est pas réfléchir, c’est agir. »
Sans détour, il confie que c’est sans nul doute grâce à l’amour qu’il vit encore : « La maladie, sans l’amour, c’est déjà la mort. »
A son sens, ce qui arrive n’obéit pas au hasard : « Vous allez sur des pistes que vous ne soupçonnez pas et qui un jour se révèlent, comme ça ! Il n’y a rien à faire. »
« Mais je ne suis pas raisonnable, je n’ai jamais été prudent ».
Et la souffrance ultime n’est pas tant celle du cancer : « Ce qui me tue, c’est le perfectionnisme. J’ai confondu exigence et perfectionnisme. Le perfectionnisme ne s’arrête jamais, un orgueil démesuré. L’exigence est une vraie exigence de soi et des autres, du travail que l’on fait. Et ça peut, à un moment donné, avec humilité, s’arrêter. Le perfectionnisme deviendrait stupide. »
Mais c’est avec l’humour qu’on lui connait et pour conjurer le sort, qu’il se délecte de rognons en sortant de scène lors du Henri II de Beckett, avant d’affronter l’ablation de l’un de ses reins, il y a près de 8 ans.
Mais, depuis quatre mois, il n’est plus là pour continuer à mener sa réflexion .
[…] Cher Amour, 2009 […]