Mercredi 2 Juillet 2008, au soir, l’empathie m’envahit, emprunte d’admiration et de douleurs.
Je n’ai pu me résoudre à aller me coucher avant 1h30 du matin pour voir et entendre tous les otages sur le tarmac de Bogota.
Ingrid Bétancourt est libre après 6 ans et 5 mois de détention aux mains des FARC
L’armée colombienne a accompli un miracle d’intelligence, par une « opération parfaite » selon elle.
Cette femme a subit l’humiliation, la maladie, l’insoutenable, un traitement qu’elle n’infligerait « pas à un être humain, un animal, ni même à une plante« .
Libérée du matin, elle est forte et protectrice, fidèle à l’image qu’on connaît d’elle avant son enlèvement.
Retrouver ses enfants après tant d’année…
Elle a laissé un petit garçon, elle retrouve un homme !
Sa famille et ses enfants, si posés et lucides, se sont battus cœurs et âmes .
Mon cœur de Maman déborde, mais elle ne semble même pas être emplie de colère qu’ils lui aient volé le plus précieux : le temps qui passe aux cotés de ses proches.
Sa vision de la vie a du être foncièrement modifiée.
C’est l’adrénaline de ces 3 premiers jours de liberté qui la tient en alerte : pas envie de manger, ni même de dormir. Elle s’écroulera forcément épuisée mais enfin protégée.
Ce qui m’interroge, c’est sa capacité d’adaptation à ce retour à la vie conventionnelle parmi les siens. Epreuve psychologique, durant laquelle son entourage ne sera plus tout à fait face à celle qu’ils ont connue.
Une force, emprunte de foi, se dégage de cette femme.
Je l’admire pour ce qu’elle était avant son enlèvement, ce qu’elle a subi et comment elle l’a surmonté.
Il y a du chemin pour être une aussi belle personne.
Je pense aussi à sa directrice de campagne : Clara Rojas, qui fût sa compagne de détention pendant plusieurs années. Elle aussi a vécu l’impensable pour une mère : une grossesse en détention dans la jungle, un accouchement avec césarienne improvisée avec tout ce que ça implique pour la mère et l’enfant.
Emmanuel, présentant des séquelles de sa naissance (bras cassé et maladie), est séparé de sa mère et ne la touche que rarement. Puis les FARC l’arrachent complètement à sa mère à 8 mois en le confiant à un paysan. Sa trace est retrouvée par le gouvernement grâce aux services sociaux qui l’ont confisqué au paysan.
Imaginez cette femme, qui en retrouvant la liberté en Janvier dernier, découvre un enfant de 4 ans. Après tant d’années de souffrance pour lui et elle, il faut apprendre à se connaître.
Soyons humbles dans les difficultés.
Et puis, il a ces hommes, anonymes pour nous français, qui ont vécu 10 ans otages des FARC
Ingrid Bétancourt l’a déjà souligné,
elle se battra pour ceux qui y sont encore !
A lire aussi : Captive et Operación E
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Ajout de Août 2013 : Et dire que cette libération est l’un des premiers billets que Capsicum a voulu pour partager son émotion. Un bel exemple de la manipulation de l’opinion française par les politiques et les médias, même si cela n’enlève rien au calvaire que chaque otage a subit.
On en sait aujourd’hui un peu plus sur les tensions colombiennes de l’époque …
Même si à l’époque je pensais aux anonymes, je me dis encore que quitte à être otage, il vaut mieux être journaliste ou politique plutôt que citoyen lambda.
JACQUES THOMET : « LA VÉRITÉ SUR LES FARC SORT ENFIN », libertesinternets.wordpress.com, 12 janvier 2008
Le site de Jacques Thomet (journaliste puis rédacteur en chef à l’AFP durant 32 ans) est truffé d’explications autant sur la situation colombienne que sur le sujet Ingrid Betancourt ou l’histoire de Clara Rojas et du petit Emmanuel.
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