Je voulais revenir sur l’haptonomie.
De plus en plus rencontrée dans le cadre de la préparation à la naissance, cette science phénoménologique et empirique, qui implique un contact psycho-tactile, est bien plus vaste que la seule gestion de la grossesse et de l’accouchement :
« Hapto, en grec, signifie : j’entre en contact, j’harmonise, je réunis, j’établis une relation, je prends contact pour rendre sain, pour soigner et guérir. Nomos signifie la loi, la règle, la norme. »
L‘haptonomie est une approche globale de l’être humain à tous les âges de sa vie. L’haptonomie ose dire qu’elle vise le bonheur humain. Elle montre bien comment l’affectif façonne l’être humain, dans son être et dans son essence tout au long de sa vie.
Sa phénoménalité révèle que l’affectif est bien le troisième terme oublié, voire exclu, dans la dichotomie : corps / psyché dans laquelle nous raisonnons depuis des siècles. Elle nous permet de partir du constat suivant : à chaque instant tout événement vécu par un être humain est à la fois affectif, psychique, cognitif, musculaire, articulaire, ligamentaire, vasculaire et hormonal et il implique la relation au monde qui l’entoure de celui qui le vit.
Il s’agit d’un tout et c’est dans cet abord global que se situe l’haptonomie. C’est pourquoi elle n’est pas une pratique corporelle comme on le croit trop souvent. Cette globalité la rend difficile à appréhender et à saisir quand elle n’est pas soutenue par une expérience partagée. Elle constitue, à ma connaissance, l’unique réponse théorique et clinique aux questions posées par tout ce que l’on regroupe sous le terme de psychosomatique.«
écrit le Dr Catherine DOLTO-TOLITCH, formée à l’Haptonomie par Frans VELDMAN, Chercheur en Sciences de la Vie et Fondateur de l’Haptonomie depuis 1942 sur la base de ses recherches, découvertes et expériences cliniques. Il a fondé le Centre International de Recherche et de Développement de l’Haptonomie (CIRDH)
1) Pour comprendre le champ d’application de l’Haptonomie, Catherine DOLTO ajoute, dans Comment construire la sécurité de base chez l’enfant dès le début de la vie, grâce à l’Haptonomie : « L’haptonomie postule, et prouve, que la confirmation affective et le sentiment de sécurité, la tendresse partagée, les vécus de bonheur, les découvertes sensorielles, sont indispensables au développement des potentialités en germe dans tout être humain. Sans cette éducation précoce du sentiment et de l’importance de la relation affective dans sa réciprocité, le développement cognitif peut avoir des effets pervers, c’est-à-dire le déploiement d’une intelligence sans éthique, sans for intérieur, sans discernement. L’Effectivité domine alors l’Affectivité.
Sans la confirmation affective, qui implique un contact tactile, l’agressivité naturelle, nécessaire à la survie, risque fort de se dévoyer en violence et en agression. Ce que nous voyons chaque jour dans nos sociétés occidentales ne peut que nous inquiéter. En dehors du danger auquel elles exposent notre monde, on ne peut que déplorer le massacre des intelligences et des capacités créatives chez nos enfants que nous poussons ainsi au désespoir.
Il est préférable, sans doute, que je précise que l’accompagnement pré et post-natal de la grossesse se situe aux antipodes de tout ce qui peut se faire, aux Etats-Unis en particulier, en termes d’éducation prénatale dans le but de développer l’intellect et les capacités cognitives des enfants à naître. Ces pratiques sont pour nous caricaturales et choquantes. «
2) En ce qui concerne pratiquement l’accompagnement Haptonomique de la grossesse : « Il y a diverses façons de jouer avec l’enfant. De l’intérieur, la mère l’accompagne dans ses réponses aux sollicitations de son père ou de l’accompagnant. Tous ces jeux, pour s’inscrire véritablement dans l’haptonomie et ne pas devenir une espèce de « gymnastique pour foetus performant à parents modernes », doivent se dérouler dans un « être ensemble » à trois (ou plus si la grossesse est multiple).
On peut, avec des mains extrêmement légères inviter l’enfant à se balancer. L’enfant répond en prenant en charge lui-même le mouvement au bout de quelques secondes. C’est une véritable danse qui s’instaure entre lui et ses parents, celui qui y participe a vraiment le sentiment d’être bercé par l’enfant alors qu’il est encore dans le giron maternel.
L’enfant mémorise et rapidement. Il choisit certains schémas de mouvements : balancement latéral, haut bas ou autour de son axe vertébral. Une fois qu’il est habitué à ces jeux, quand les mains des parents se posent de manière adéquate c’est très souvent l’enfant qui débute un mouvement : il propose ; il règle, l’amplitude, la direction, la durée et le rythme du mouvement. Quand il n’est plus disponible, il s’arrête de manière indubitablement claire.
La discrimination dont les enfants sont capables alors qu’ils sont encore dans le giron maternel est stupéfiante. Cela donne le sentiment qu’ils nous signifient qu’ils sont présents pour nous et qu’ils guettent tout ce qui fait signe et ce qui peut signifier un dialogue. J’imagine volontiers que cela est difficile à croire pour quelqu’un qui ne l’a pas vécu, mais c’est cliniquement évident.
Dans tous ces phénomènes, on mesure bien l’importance de l’influence de la relation mère/enfant, et des relations père/mère/enfant, ou père/enfant/mère, ou enfant/parents.
Tout se joue dans la réciprocité et l’anticipation qui caractérisent la rencontre dans « l’être ensemble » affectivement.«
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