Voilà que je découvre cette série Canal à la quatrième saison …
Je ne suis pas encore tombée dans la marmite Netflix parce que connaissant mon profil addictif, je sais très bien qu’en ayant des séries bien ciselées à volonté, je vais oublier de vivre.
La télévision n’est plus au centre de mes préoccupations numériques depuis bien longtemps. Son caractère abrutissant enlève chroniquement toute velléité de progresser.
Moi, je préfère penser, agir, m’instruire, vivre en conscience.
J’ai déjà fort à faire avec une certaine obsession à collecter et analyser les données de ma propre veille informative. Pour le moment, une partie de ma diet aux médias tient encore par le fait de ne pas mettre internet dans ma poche.
Mais combien de temps encore avant de succomber, avant de laisser le smartphone comploter contre ma vie intérieure ?
Mais revenons en à Paul Lefebvre.
Bien sûr, j’avais vaguement entendu les louanges de beaucoup à propos de la série d’Eric Rochant, Le Bureau Des Légendes : « meilleure série française, série visionnaire, etc »
Mais c’est en écoutant sur YouTube les confidences d’un mec se disant retraité du boulevard Mortier (Talk With a Spy) que j’ai été vraiment intriguée par le rôle d’agent de la DGSE de Guillaume de Bailly.
Le jeu des acteurs est impressionnant alors qu’ils doivent jouer un rôle à l’intérieur même du rôle, tout en restant parfaitement crédibles.
Mathieu Kassovitz a trouvé là un rôle d’officier traitant magnifique et complexe alliant caractère, stratégie, fulgurance et sentiments. Tout son jeu est dans le visage, les yeux. Belle performance !
Les autres acteurs ne sont pas en reste. Belle brochette !
Je suis tombée en admiration devant cette série à l’image filtrée, à l’écriture ciselée et plutôt documentée.
Les auteurs y font preuve d’un talent pertinent.
Les situations de terrain et de salle de crise expliquent excellemment les imbroglios géopoliques.
Les ressorts psychologiques sont particulièrement bien exploités.
Les personnages sont denses et évoluent naturellement par leurs fêlures et leur expérience.
La plupart de mes questions de logique scénaristique, qui passent en général à la trappe dans les autres séries, finissent par être abordées dans celle là. Il y a une vraie recherche de cohérence.
Enfin, les suicidés s’ouvrent les veines dans la longueur du bras et non dans la largeur !
Le parti pris français assumé est l’intensité.
Ou comment faire monter la pression de l’action sans avoir recours à l’extravagance d’explosions à tout va, à l’image d’un traitement américain irréaliste.
La série offre un rythme certain qui me tient en haleine et m’empêche de faire quoi que ce soit en parallèle.
C’est un signe pour moi qui m’ennuie souvent à rester scotcher devant un écran sans rien faire en simultanée.
En plus du fait que je ne parle ni farsi, ni arabe, ni russe, ce qui m’oblige à lire les traductions. 😉
Bien sûr, ces agents de renseignement, officiers traitants et leurs prérogatives sont romancés, fantasmés.
Les infiltrés et les analystes documentent plus par Skype que par écrit. Besoin télégénique oblige.
Mais l’empathie, les sentiments et certaines faiblesses sont judicieusement abordés.
Le grain de sable des trois premières saisons tourne d’ailleurs autour d’une relation avare de mots et se gardant bien d’envolée lyrique :
« Ce n’était pas confortable,
Ce n’était pas raisonnable,
Ce n’était pas moral,
Ça n’avait pas d’avenir,
Mais je chérirai ces moments pour le restant de mes jours. »Message de Nadia El Mansour
J’y suis sensible.
La saison 1 pose le décor, les personnages, les procédures et l’intrigue.
Sur la réserve, en quelques épisodes me voilà fascinée par cet agent qui fait une faute.
La saison 2 voit le héros tenter de résoudre la problématique en sous main.
Ferrée, je suis emportée par les objectifs de ces ‘clandestins’ qui ne payent pas de mine mais prennent d’énormes risques en travaillant incognito en terrain ennemi.
La saison 3 met le héros en mauvaises postures et expose les risques du métier.
J’ai le sentiment que l’histoire originale se clôturait à l’issue de la 3ème saison. La boucle est bouclée.
Entre la fin de la saison 3 et le début de la saison 4, quelques personnages emblématiques disparaissent. C’est à ce moment que je me suis rendue compte combien je m’étais attachée à certains rôles, leurs fonctionnements, leurs analyses.
La saison 4 tente finalement de mettre de l’ordre dans tous ces dysfonctionnements. Finalement le service est sur la sellette alors que le héros entre en rédemption.
Nous arrivons ce soir aux derniers épisodes de la saison 4.
La perfusion de trois épisodes par soir depuis un peu plus de deux semaines va s’arrêter. J’anticipe déjà le manque.
Bientôt orpheline, je n’ai pas envie de quitter le renseignement.
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B.O. de la série – https://youtu.be/s0rTz2NY3RQ
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