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Le fil fragile de la Vie

Lyon, Octobre 2017

La blague aurait été de mauvais goût mais j’avoue l’avoir espérée un instant.

Le Taquin au grand cœur n’est pas sorti comme un diablotin de ses 4 planches.

Parmi la multitude venue l’accompagner pour sa dernière arsouille, l’écho de son rire est là.
Preuve que sa belle âme entoure ses proches.

Il fallait que je vienne …

… pour l’affection fraternelle qu’il m’avait offerte dès la première rencontre (comme à beaucoup d’autres), pour prendre dans mes bras la douleur de quelques uns de ses amis,
des Marins d’eau Corse, du Cap’tain, de quelques absents, du Grand Saint Bernard,
et surtout de son épouse et ses fils.

Comme une vaine et humble tentative de faire s’envoler quelques particules de chagrin.

Le dénie a fini par laisser place à l’hyper-conscience de la fragilité de la vie.

Dans la mythologie grecque, Les Moires sont 3 fileuses, 3 divinités du destin. Lachésis, enroule le fil et conte le passé. Clôthô, dit le présent. Atropos coupe le fil et chante l’avenir.

Assommée encore plusieurs semaines après, trois phrases sans intérêt mais résistantes trottent et reviennent aux heures pleines de la nuit où la musique se déchaîne entre mes deux oreilles.

« Je n’avais pas pensé que tu viendrais. »  amorce Mme marin d’eau Corse.
– S’en suit un peu plus tard, Miss Maître avec « Ça fait longtemps qu’on ne t’avait pas vue ! » d’un ton âpre.

L’affection fraternelle pour le grand taquin me garde.
Emmitouflée par l’empathie pour les vivants abandonnés, les mots glissent simplement, avec compréhension même.

Le moment suspendu s’achève par deux mains contenant mes épaules, accompagnées de « Merci d’être venue », dans la marge du temps que Cap’tain accorde à chaque groupe présent.

La furtivité de l’approche et la peine ne me permettront alors qu’une parole lourdement empathique et maladroite.

Après avoir exprimé toute ma compassion à Mme Grand Taquin (incroyablement tournée à accueillir les émotions de tous) je m’éclipse sans bruit par un texto d’ ‘au revoir et de condoléances’ à celui qui me les fit tous connaître. Sans réponse.

Lyon, Janvier 2018

Revenant sur ces écrits 4 mois plus tard, je réalise une autre tristesse qui ne vous aura pas échappée.

Si l’on pouvait appuyer sur ‘Rewind’, je bannirais sans aucun doute quelques maladresses.
Mais à bien y réfléchir, je ne sais pas vraiment ce qui aurait été juste de dire, de taire, de faire, de supporter, pour éviter de perdre mon vieil ami, ce bon pote qui me manque,

réciproquement ou pas.

Encore une fois, ‘laisser le temps au temps’ ne résout rien.
Bien au contraire, le temps enracine la distance aussi courtoise soit-elle.

A défaut de remonter le temps, resterons simplement les souvenirs de ces presque deux décennies où nous étions Anyway Friends :
sa présence après le tragique conseil de classe qui marqua mon départ de Lyon, le dossier d’IUT qu’il proposa et poussa, une blessure à l’âme avant de partir pour le Canada et toute l’année qui suivit, la litanie Bene Gesserit contre la peur qui aida ma détermination face au concours, une oreille bienveillante à mes péripéties australiennes, un sourire sur le circuit de Mérignac, un voilier qui dérape en pleine nuit, l’effet socialisant du rhum, un étrange burnout qui m’intrigue encore, etc.

Au plaisir de vous lire.

Published inAdversitéAu fil des jours...Auto - MotoDépression périnataleDéprimeEtat d'AmeMémoire

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