Les afflictions, nombreuses ces dernières années, sont incomparables.
Pleurer un grand-père très jeune, des tantes emportées par la maladie ou sa grand-mère qui n’avait plus goût à vivre au crépuscule d’une vie bien remplie est de ces peines, si ce n’est préparées, au moins soumises aux lois de la vie.
On finit par les accepter, suivant l’ordre des choses.
Mais les larmes qui coulent, tous les jours, sur mes joues sont empruntes d’une douleur jamais ressentie auparavant.
Cette intense irrésolution, ce profond, sourd et constant désespoir, me rapprochent des ressentis des blessures d’amour … au moment où l’évidence de l’irrémédiable devient incontournable.
Aujourd’hui, ce déchirement qui s’échappe à chaque sanglot est teinté de l’amour fraternel et profond de toute une vie.
Je suis donc horrifiée à l’idée de l’intensité des tourments qui bouleversent mes parents depuis la perte de leur enfant.
Ce doit être une des plus cruelles estocades de la vie.
Caps,
Je me suis mal exprimée, je peux lâcher mes émotions auprès de certaines personnes qui m’entourent dont mon frère avec suis très proche et heureusement car effectivement nous connaissons tous des gens qui se sont fabriqués leur cancer à tout garder pour eux.
Ce que je voulais dire c’est qu’effectivement n’ayant pas été épargnée très jeune, je suis devenue adulte avec une lucidité certaine, mais pas sans émotions. Je pense que vivre sans ressentir d’émotions doit être terrible mais je suis capable je faire les choses avec discernement même si c’est très douloureux. mais je m’exprime après le ressenti de ces choses.
Tu as raison, si je vois qu’à un moment je bloque, j’irai voir accompagnant psy.
Bulle,
Etre fort, ne pas se plaindre, garder ses sentiments pour soi, une sorte de politesse pour les autres.
Certes. J’ai d’ailleurs longtemps adhéré.
Mais l’émotion existe pour une bonne raison et l’accueillir, la reconnaitre, la vivre est salutaire pour le corps et l’esprit.
Sauf que lorsqu’on chasse les émotions du revers de la main, elles continuent à faire parler d’elle d’une manière ou d’une autre jusqu’à ce qu’elles soient reconnues.
Et puis, je crois vraiment que mépriser ses émotions conduit invariablement à ce qu’elles s’expriment par somatisation, voire qu’elles finissent par frapper très fort : cancer.
Alors nous sommes bien d’accord, il est tout à fait possible d’accueillir ses émotions tout en restant digne. Mais il convient de réfléchir à la ‘posture dans la douleur’. Est-elle naturelle (donc salvatrice) ou dictée par des conventions apprises dans l’enfance ?
Je suis contente que tu sois entourée même si nous savons que tu dépends de toi-même pour aller mieux.
Malgré tout, une bonne oreille qui se contente d’écouter, qui ne va pas à chaque instant débiter des conseils inadaptés, peut favoriser la traversée d’une telle situation.
Souvent la personne la mieux adaptée est un(e) psychologue. Ils ont justement une utilité dans ces moments où la vie bascule parce qu’ils ne sont pas eux-mêmes touchés par l’évènement et l’on peut se livrer sans filtre social.
Soit assurée de ma bienveillance.
Tu sais, Caps j’ai commencé par perdre mon père à 16 ans d’un infarctus en une 1/2 heure.J’ai donc appris très vite que l’on pouvait basculer de la vie tranquille à la disparition d’un de ses parents….. c’est terrible mais ça donne un regard d’une grande lucidité sur la fragilité de la vie.
Mon époux était un créatif avec bien entendu une grande sensibilité mais avec une grande exigence de lui-même et donc des autres et le refus de s’apitoyer sur son sort. ; donc lorsque tu partages une vie, tu dois être aussi costaud en face sinon tu pars ………….
Aujourd’hui, je fais face, j’ai des amis sincères et fidèles,mes enfants pas à côté mais au téléphone lorsque le soir arrive et c’est le début . Peut-être que je vais continuer à avancer ou peut-être que je vais m’écrouler à un moment. Je ferai tout pour rester forte
avec mes faiblesses, comme chacun de nous. .
Bulle,
Je ne peux même pas l’imaginer, tellement c’est violent.
Comment t’en sors-tu aujourd’hui ?
Es-tu entourée pour traverser cette épreuve ?
Mes pensées vont souvent vers toi et cette solitude forcée.
Prends soin de toi.
Caps
Merci Caps, en une semaine, c’est très violent…
Je t’avais laissé un message, il y a 5 jours, mais je constate qu’il y a du y avoir un loupé. Dommage
Quelle soudaineté, quelle choc !
Bulle, je suis de tout cœur avec toi pour traverser cette tragédie.
Les mots n’ont certes pas le pouvoir de faire disparaitre la douleur mais espérons qu’ils adoucissent un peu ta peine et celle de ta famille.
Avec toute mon affection
Tu as la douleur d’un être qui se retrouve impuissant devant un drame .
Caps, mon époux est décèdé le 13 juillet d’un cancer fulgurant du poumon, trois semaines entre la recherche du diagnostic et le décès……….. la cérémonie civile et la crémation était aujourd’hui