Non, mais la fascination guète en attendant de mieux cerner le Capitaine de La Boudeuse, Patrice Franceschi.
La personnalité même du bourlingueur est atypique et remarquable, exigeante, positive et sans concession.
Cet esprit éclairé aime mêler le sens de l’éthique, l’action philosophique avec l’esprit d’aventure … Ce goût pour tracer son propre sillon à la manière des pionniers des siècles précédents lui crée une certaine superbe, un rien mégalo. On dira romanesque.
Apparait parfois ce sentiment diffus, (oserais-je le dire) que la reconnaissance nourrit quelques uns de ses besoins. Il ne se vante pas de ses « médailles » (Chevalier de la Légion d’Honneur, Médaille de l’Académie de Marine, Lauréat de l’Académie Française (prix Broquette-Bonin), Médaille d’or de l’Académie des sports, Victor de l’aventurier, Prix Liotard de la Société des Explorateurs Français, Grande médaille de l’exploration de la Société de Géographie), mais utilise efficacement ses brevets de toute sorte (Breveté pilote avion et ULM, voltige aérienne, breveté parachutisme militaire et civil, breveté plongeur, judo et karaté. Moniteur fédéral de voile 2e degré). Étudier la philosophie et pourquoi pas devenir Docteur en Philosophie, s’il a le temps.
Il est foncièrement respecté pour ses prises de position actives, notamment auprès de Amin Wardak en Afghanistan, ses initiatives humanitaires, comme la fondation de Solidarités et sa capacité à monter de tels projets d’exploration (financement compris).
Bien qu’il vive la majeure partie de sa vie dans des contrées reculées, son carnet d’adresse semble lui offrir d’efficaces laissez-passers.
Plus rien à voir avec ce pilote trentenaire, ayant mis l’Afghanistan entre parenthèse pour s’adonner à ce nouveau projet, qui subissait les affres de la bureaucratie mondiale, le contraignant à rester au sol 18 mois durant sa folle équipée.
Le charisme ajoute à sa qualité d’orateur et s’appuie sur une vraie lucidité, forte de recul et d’esprit d’analyse. Des uns diront qu’il cultive sa part d’égoïsme, des autres (dont je fais parti) y verront le cran de mener sa vie rêvée, définissant ses objectifs et se faisant un devoir de les atteindre.
Il manque cependant la face personnelle de l’individu qu’il prend soin de protéger. Comment saisir ce caractère sans comprendre l’équilibre partagé avec son épouse et ses deux filles ? Ou bien a-t-il amorcé une autre vie, avec toujours le même contrat.
Est-il question d’abnégation, d’habitude, d’amour, de libres principes ?
La seule réponse que Patrice Franceschi offre sur le sujet est : « Vous devez faire des choix qui vont peut-être peser sur d’autres autour de vous. Mais si vous ne les faites pas, au fond, vous êtes perdus. Naviguer entre les deux est une obligation.«
Son allure de barbouze a attiré mon attention mais ce sont ses paroles et sa plume d’écrivain aventurier qui ont suscité l’intérêt, arrivant au confluant diffus de certaines de mes réflexions personnelles, simple cul de plomb que je suis.
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