Constat aussi évident qu’inévitable.
Après 6 années, le blackout de cette drôle de guerre du silence … a porté ses fruits stériles.
Les liens tous coupés, les petits enfants ont grandi, se sont forgés une identité dans l’unique vérité de leur environnement.
L’heureuse ‘période des Grands-Parents‘ est passée à la trappe, rendant tout le monde perdant.
Jamais personne ne rattrapera cela …
Si je sors de ma réserve aujourd’hui, c’est pour dire à ceux qui vivraient une situation similaire :
Le temps n’arrange rien, ce n’est pas vrai … Il rend de plus en plus étrangers malgré les liens du sang. Et quand les raisons même des heurts s’évanouissent, les attaches se meurent définitivement.
N’attendez pas qu’il soit trop tard.
Alors que la parole fut toujours un exutoire salutaire, tuant dans l’œuf les malentendus du clan, il a brusquement rompu la communication, par orgueil, par vanité, par esprit d’indépendance, par défaut d’argument ou par connerie. Qui sait ?
Et bien que certains se bercent encore d’illusions, en reposant la faute sur son alliance, qui peut sérieusement croire qu’un caractère comme le sien se laisse dicter ses décisions ?
Les querelles de ce genre sont l’affaire des adultes. Peu m’importait qui avait raison, seul l’intérêt des petits comptait : garder le lien.
Dans ce chantage à l’affection, mon geste a été perçu comme haute trahison.
Quant au seul qui supporta les visites-parloir, il finit par se faire virer au motif d’espionnage.
Je n’avais pas compris à quel point il était en guerre. Et je ne le comprends toujours pas. Qui peut, sciemment, priver les enfants, les grands-parents, les oncle et tante, les uns des autres ?
A bruler ses idoles les unes après les autres, puis à rejeter son passé en bloc, il a fait le vide autour de lui.
Orphelin, il a désiré être … Orpheline, il a fait sa famille.
Aujourd’hui, quel homme est-il devenu ? Je ne suis pas sûre de vouloir le savoir.
Mais il m’arrive de penser à celui qui a grandi dans le même creuset de l’effort, du dépassement de soi, de l’amour des grands espaces, de l’affirmation face au patriarche … Modèle de l’enfance, partage des conneries et des rigolades, sans éviter les engueulades et parfois les punitions, le tout saupoudré d’une connivence dépassant l’âge.
Passée la colère contre ses méthodes et ses procès d’intention, je me suis rendue à l’évidence : Il n’y a rien à comprendre. On ne peut forcer quelqu’un à aimer ou parler. Nous n’étions plus à son goût. Qu’il nous méprise, de toute façon quelque chose est définitivement cassé.
Le fils préféré a ‘tué’ le père, blessé la mère, renié la fratrie.
Naturellement, les cousins sont de parfaits étrangers de sang.
Terrible et vrai: on devrait l’ajouter au discours de mariage, et le dire systématiquement aux jeunes qui décident de fonder un foyer. Leur dire que le foyer ce n’est pas qu’eux et leurs enfants, mais aussi leur passé, et qu’ils tuent une part d’eux même dans leurs enfants en refusant ce passé.
Très bien dit, ressenti depuis trop longtemps, avec la colère qui déborde à chaque tournant de mot…