« Et il revint vers le renard : – Adieu, dit-il…
– Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux.
– L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
– C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
– C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir.
– Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose…
– Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir . »Antoine de Saint Exupéry, Le Petit Prince
Voilà, tout est en carton, le nettoyage est fait, la moquette est arrachée, les suppositions et les émotions ont encore été exprimées en famille, Daddy a perdu de sa colère, Mummy a pu pleurer comme elle en avait besoin, moi j’ai pu parler, pleurer.
Ma mission s’achève dans la steppe de mon enfance.
Les questions que nous nous posons resterons sans réponse.
Mais je refuse la tourmente même si je commence à me rendre compte qu’il s’est peut-être piégé lui-même dans son appartement, à cause de la maladie psychotique, à cause de Pierre et le Loup, à cause de ce que l’on croit alors qu’il n’y a que la vérité qui compte.
Si je dois ne retenir qu’une leçon chèrement payée de tout ça, ce serait deux des Accords Toltèques :
- Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle.
Car depuis un an, j’étais fâchée contre lui qu’il refuse mon aide en abandonnant l’association que je lui avait trouvée pour gérer son administratif. Je me suis dit que s’il abandonnait ce dernier soutien c’était sa décision et tant pis pour lui.
J’ai donc été distante alors qu’il ne réagissait pas contre moi mais contre les contraintes que ça lui créaient, de la fatigue de devoir se plier aux folles règles de cette vie insensée.
- Ne faites pas de suppositions.
J’AI CRU … j’AI CRU qu’il choisissait de ne pas m’ouvrir sa porte. J’AI CRU qu’il ne voulait plu de mon aide. Alors qu’il est possible qu’il n’ai pas voulu me répondre par honte, par peur du jugement, par perte de la conscience en cette vie. J’AI CRU qu’il avait supprimé les appels entrants de son téléphone pour être tranquille (parce que ça lui arrivait de faire des black out quand la coupe était pleine) alors qu’il était en conflit avec SFR qui lui avait restreint sa ligne.
Impossible d’appeler au secours quand on s’est convaincu qu’on ne pouvait plus sortir de chez soi et que le téléphone ne fonctionnait plus.
Mais pourquoi ne m’a-t-il pas ouvert 6 semaines avant sa mort, alors que j’ai frappé, glissé des origami sous sa porte et dit des mots doux ?
C’est si triste.
Je crois qu’il faudra aller voir Un Quelqu’un à qui en parler pour digérer cette tragédie, même si petit à petit je relativise et sait bien que cette situation ne s’est pas créée en un jour et de mon fait. Je sais bien que j’ai mes propres faiblesses et que seule j’avais peu de latitude pour l’aider. Je ne savais pas qu’il en était à ce point là.
Au plaisir de vous lire.
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