Il y plusieurs mois de cela, une émission de Delarue traite de l’abandon des enfants. Il est logiquement question de la quête des origines et ils évoquent le simple fait de comprendre le « Pourquoi », afin de classer le sujet. L’un des intervenants, fils d’une abandonnée, ressent lui-même un vide qui empoisonne sa vie. Psychologiquement intéressée, je me sens simple analyste d’un sujet parmi tant d’autres.
Au bout d’une heure et demi de programme, subitement, je réalise que ma mère ou mes tantes pourraient être à la place de cet invité. Un flot de questions m’envahit : même si ma grand-mère (Simone) a renoncé à comprendre, pourquoi parmi ses 4 enfants, personne n’a simplement fait preuve de curiosité pour leurs antécédents. Après enquête, il semble que les enfants ne se sentaient pas concernés car leur mère (sans pour autant cacher son histoire) avait construit une famille unie, permettant de combler le vide de ses origines. Et puis, par respect, je crois qu’elles ne voulaient pas la blesser.
Quatre ans auparavant, l’une de ses petites filles entame les démarches pour obtenir le dossier de l’assistance publique … A l’époque, je voulais juste connaitre un peu mieux, l’enfance troublée de la petite Simone, avec le secret espoir de trouver une explication, un élément de réponse à la question « Pourquoi ? ». Petite, j’avais en tête, les plus folles histoires, mais là, son dossier était désertique et son acte de naissance ne donnait que le nom de sa mère : Lucie et son âge. Une impasse … Ma grand-mère, avec une pointe de curiosité dans les yeux, évoquait le sujet sans rancœur, malgré sa déception.
L’arrivée de Petit Ginkgo rappela ce « Pourquoi ? » sans réponse, à mon esprit, … moins encore en mesure de comprendre ce geste. Comment une mère peut-elle être poussée à abandonner son tout petit (malgré les hormones 🙂 ) ? Pourquoi lui a-t-elle laissé son nom, malgré tout ? Pourquoi alors que ma grand-mère rencontre ses ascendants, dans les années 60, sa mère exprime : « J’aurais tant de choses à te dire … » et ne va pas plus loin ?
Les discussions à ce sujet reprennent alors, et Mémé m’apprend l’existence d’une carte-photo qu’elle reçut lorsque sa famille prit contact. Par chance, y sont inscrits la date et le lieu de naissance de Lucie . Ma grand-mère avait les éléments manquant depuis toutes ces années …
S’en suit un travail d’enquête administrative, au travers des actes de naissance, mariage, décès de sa branche maternelle. La branche paternelle doit probablement être étroitement liée à ce fameux « Pourquoi » … Euphorique, je découvre 6 générations et des cousinages du coté de la maman de Lucie, à peine 2 générations du coté d’Hyppolyte, son papa.
Remplir les blancs de l’arbre généalogique me laisse, à la fois :
- ravie de découvrir une famille pour ma grand-mère, alors que l’histoire familiale s’arrêtait jusqu’à présent à son niveau.
- très frustrée, car tous ces gens n’ont plus mal aux dents depuis longtemps et ne répondrons jamais au fameux « Pourquoi ? »
… Mais, Hyppolyte avait 2 filles ! Ma grand-mère a rencontré sa tante, il y plus de quarante ans. Elle prenait tout l’espace et monopolisait la parole. Or, le prénom de cette femme m’échappe complètement …
La seule chance d’élucider ce « Pourquoi ? » est de retrouver cette fameuse sœur. Peut-être, aura-t-elle eu des descendants. Encore faut-il que ceux-ci aient eu ouïe dire de cette histoire d’enfant abandonné et l’aient transmise aux générations suivantes …
Pas gagné … mais j’ai espoir … Cet accident de la vie a forcément été évoqué, à un moment ou à un autre, dans leur famille, puisqu’ils ont souhaité rencontré ma grand-mère.
A suivre …
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