… j’ai dit l’idéalisme pas l’utopie.
Encore une fois, Patrice Franceschi exprime avec clarté ce que je m’échine à toucher du doigt. Il a l’expérience et la plume en plus …
J’ose copier/coler en fin de billet cette excellente interview publiée le 26 août 2013, réalisée par Jean-Luc Bertet pour ragemag.fr : Patrice Franceschi : « L’esprit d’aventure ne rime pas avec l’exotisme », qui va un tout petit peu plus loin que d’habitude.
Alors que La Boudeuse a surement déjà quitté Boulogne après avoir participé à la Fête de la mer et des marins de Saint Valery en Caux, notre écrivain-aventurier parle dans cet entretien de Liberté-Sécurité, société de consommation, sens de la vie, jeunesse, confort mais aussi engagement, voyages et ses dérives, géo-politique, le tout par le truchement de l’esprit d’aventure.
Je n’ai qu’une envie : m’engager !
Reste à trouver ma voie 🙂
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En passant, après avoir reçu Sylvain Tesson pour l’invité du samedi 20h, le 17 août dernier, voici Patrice Franceschi chez Ardisson :
“Salut les terriens !” samedi 24 août, invité du 20h : Patrice Franceschi (sauf qu’il manque la partie 3 de SLT où Franceschi intervient !)
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Patrice Franceschi : « L’esprit d’aventure ne rime pas avec l’exotisme »
Publié le 26 août 2013 à 10:41 | par Jean-Luc Bertet
Ce n’est pas le seul mot qui ait été vidé de son sens par notre époque comptable. La notion d’aventure évoque aujourd’hui au mieux des exploits sportifs, au pire des émissions télés qui exploitent « l’extrême ». Il ne reste rien de la découverte et de l’émerveillement du monde, de la rencontre avec l’étranger et de leur connaissance. Mais cette aventure-là est-elle d’ailleurs encore possible voire souhaitable ? Patrice Franceschi, grand aventurier et explorateur, voit dans l’esprit qui anime l’aventure l’énergie vitale des individus et des sociétés. Liée à un humanisme combattant, elle lui paraît la clé essentielle et nécessaire pour échapper au cauchemar orwellien qui menace. Le Seuil vient d’inaugurer, sous sa direction, une nouvelle collection de grands classiques et d’inédits sur l’aventure pour en cultiver l’esprit.
Il a consacré 40 ans de sa vie à réaliser les rêves d’aventure de son enfance : les espaces vierges et hostiles dont il n’est revenu parfois que de justesse, les rencontres avec des populations qui n’avaient jamais eu de contact avec l’Occident… Et d’autres qu’il s’est inventés dans la foulée comme un périple pédestre de la source du Nil à la mer, le 1er tour du monde en ULM, la guerre aux côtés des Afghans, deux tours du monde comme capitaine des Boudeuse, deux voiliers d’exploration, et bien d’autres expéditions encore. Marin, pilote, explorateur, écrivain, cinéaste, il a été président de la prestigieuse Société des explorateurs français. Une existence exceptionnelle.
Dans un monde clos et globalisé, l’aventure est-elle encore de saison ? Dans un monde fini et presque entièrement exploré, à quoi peut-elle bien servir ?
Patrice Franceschi 1Il faut d’abord savoir de quoi on parle. L’exploit sportif, la gesticulation musculaire sont certes des activités honorables mais ce n’est pas le plus intéressant. Le Vendée Globe, c’est une formidable course à la voile. Point barre. Les marins de compétition ne sont pas dans le même univers qu’un Moitessier par exemple. Pire, j’entends parfois des gens qui commentent en regardant mes livres : « C’est un peu comme Koh Lanta. » Un jeu de télé qui n’a rien à voir avec l’aventure en est devenu la référence. C’est terrible. L’aventure en tout cas ne se réduit pas à sa dimension sportive. Elle n’existe pas sans une position littéraire et philosophique, c’est à dire globalement politique. Ce qui porte un Rébuffat ou un Bonington à la conquête des cimes, c’est leur façon d’appréhender la nature, leur geste. Encore une fois, je n’ai rien contre l’exploit sportif mais dans ce cadre-là, il ne s’agit plus d’aventure, on est loin de Malraux, Conrad ou Bakounine.