13 Août 2009
Monastère de Tövkhön
Frontière entre l’Arkhangai et l’Ovorkhangai
Mongolie.
Impressionnée par le culte bouddhiste tibétain, tel qu’il est pratiqué en Mongolie (Ecole Gelugpa – Les bonnets jaunes …), je reste dans le temple, à écouter les prières dites, récitées ou lues par les moines … entre 6 et 15 ans, qui se balancent en rythme ! Un bruit phénoménal rempli la pièce colorée. Soudain, l’un d’eux frappe les cymbales qui résonnent encore dans ma tête. Ils sont assis en U devant un pupitre pour bénir les fidèles qui passent un à un, devant les livres sacrés.
Attirée par un chapelet de fumée, je jette un œil au dessus de l’épaule d’un jeune moine qui tout en lisant les écritures sacrées, allume un bâton d’encens. Les fidèles se pressent pour demander des prières.
Au fond une pièce, remplie de tentures représentant les divinités. Je ne comprends pas tout, mais sur l’hôtel principal, je reconnais le 14ème Dalaï Lama, l’actuel. Trônent en bonne place des offrandes de biscuit et des petits moulins à prière, que les uns et les autres ne manquent pas de lancer. Les objets précieux sont exposés dans des vitrines qui dégoulinent de lait. Il faut s’incliner, le front contre chaque hôtel. Je pourrais rester des heures ici, tellement il y a de détails à observer, à décrypter.
Dehors, à la gauche du temple, un énorme stupa (« nœud de cheveux » en sanscrit) trône tout de blanc, surplombant les planches à prière. Les stupas restent une énigme pour moi : sanctuaire qui accueillait des reliques, ils sont le symbole de la religion et renferment plutôt maintenant des écrits.
Nous faisons le tour de ce surplomb rocheux. Au passage, la dite empreinte de botte de Zanabazar, une grotte où Zanabazar méditait, une parois rocheuse où siégeait Zanabazar. Cet ermitage perché dans un écrin boisé, dont le nom signifie « Pays de la solitude heureuse », était le refuge de Zanabazar, 1er Bogdo Gegeen (chef spirituel et politique) de Mongolie, au XIIe s.
Mais ce qui importe le plus pour les pèlerins (comme notre chauffeur, Bataa) ce sont trois grottes fascinantes. Pour y accéder, il est nécessaire de grimper, puis escalader le vide. Il faut se faufiler dans la première par un boyaux étroit, se retourner au fond (les gars dans sens horaire, les nanas sens anti-horaire), ce qui oblige à passer par la position fœtale et ressortir vers la lumière. C’est la Grotte de la Renaissance qui doit laver des pêchers et rendre le fidèle aussi pur qu’un nouveau né. Debout, le nouveau né doit se tenir les bras le long du corps dans cette grotte représentant le berceau. Il parait qu’il faut pleurer à cette étape. Puis, en passant sous la première grotte et en débouchant sur un Ovoo au dessus du vide, le fidèle se tourne vers la direction où il est né, à travers cette grotte de la méditation.
Deux d’entre nous ferons le voyage de la renaissance. Bien décidée à surmonter une tendance à la claustrophobie, j’entre dans la première grotte, très concentrée, pour ne pas me figer d’angoisse. Notre guide-interprète ralentit ma progression par la voix. Le berceau reste symbolique, mais arrivée à la grotte de la méditation, voilà les larmes qui coulent sur mes deux joues. Je me liquéfie sans vraiment comprendre ce qui m’arrive, mais me laisse porter par cette vague irrépressible. Au dessous de mes pieds, le vide de la forêt.
Les hommes vont tourner autour de l’Ovoo, qui surplombe le monastère. La présence féminine étant indésirable, j’accepte la coutume en maugréant un peu, tout de même. Je profite donc de la vue, en attendant ces messieurs.
… Comme une envie d’aller un peu plus loin.
Tout cela m’a donné des ailes. La Miss d’Hendaye et moi redescendons, en courant, ce que nous avons gravi pour atteindre le monastère. Ma cheville gauche lâche !
Notre guide-interprète m’expliquera plus tard, que la grotte de la renaissance retient ceux ayant commis beaucoup de péchés dans leur vie … Pauvres claustrophobes et autres papys fourbus qui, tout bien réfléchi, ne s’y risqueraient pas.
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