– Mets tes deux mains sur la table !
Voilà ce que je m’évertuerais à dire si le petit doigt de Ginkgo (9 ans) n’avait pas été sectionné au 3/4 et l’ongle arraché, ce samedi.
Je ressens encore le frisson glacial qui me parcourt de par en par quand l’ambulance des pompiers arrive enfin aux Urgences Pédiatriques où j’attends mon fils.
En découvrant l’ampleur des dégâts, j’imagine déjà comment annoncer à l’enfant qu’il va devoir passer au bloc.
– Combien de temps avons-nous pour éviter tout problème de vascularisation ? demandais-je à l’accueil, échaudée par d’autres interminables séjours aux Urgences.
– Le garçon va être pris en charge immédiatement. me répond l’infirmière du tri d’un sourire affligé
Monsieur DuCon a donc fait une victime en parcourant à Velo’v les quais du Rhône à toute blinde, sans se préoccuper des piétons, enfants, cyclistes et autres usagers partageant la voie. Ginkgo a fait une embardée en voulant l’éviter, s’est pris un autre cycliste. Sa main a fini sa course sur une aspérité métallique non protégée.
Ange a parfaitement géré l’incident et Petit Biloba a aussi profité du petit tour d’ambulance pompier.
Si je tenais le crétin à pédales qui a causé ça, je me laisserais bien emporter par mon agressivité. Oui, oui, j’ai encore du travail sur moi-même à réaliser. 🙂
Le médecin des Urgences fait quand même une sacrée tête avant de vérifier la fonctionnalité de l’auriculaire qu’il couronne de photos afin d’obtenir l’avis du chirurgien orthopédique de garde.
Le bloc opératoire se rapproche.
En ne mouftant pas, le bon petit soldat Ginkgo impressionne infirmière, externe, interne et chirurgienne. Cette dernière nous avoue avoir d’habitude plus de mal avec les garçons de cet âge qui bougent, pleurent, crient et se laissent difficilement approcher.
La radio ne révèle alors aucun corps étranger, ni éclat d’os.
Ouf ! Le bloc opératoire s’évanouit vue l’imagerie et la conciliance de l’enfant.
De ce fait, il va devoir traverser l’épreuve de couture aux Urgences.
Je blêmis quand la chirurgienne, ayant une intervention ‘incessamment sous peu’, donne ses consignes à l’interne qui n’a jamais suturé à la base d’un ongle.
– Sans vouloir blesser vos collègues, je préfère que ce soit vous qui interveniez. m’adressant au Bon Dieu (à savoir la chirugienne) plutôt qu’à ses Saints.
Chers Lecteurs, ne m’incendiez pas tout de suite. En effet, l’enfant est pris en charge dans un hôpital universitaire où les internes ont besoin de s’exercer.
Tout ce que je sais c’est que ma cousine a failli perdre sa jambe et boite encore 30 ans plus tard, parce qu’« il fallait bien que les étudiants apprennent ».
Kalinox (protoxyde d’azote) et désagréable injection du bloc de doigt (anesthésie) permettent à Ginkgo de supporter les 6 sutures autour de son petit doigt.
Question douleur, le pire aura été la première injection de lidocaïne à la base du doigt. Il s’en suivra 4 autres.
Radio + Anesthésie + Raccommodage + Pansement = Sortie des urgences 2 heures après admission.
Un record magistral !
Effet du Kalinox ou désorientation dûe aux évènements, le pourtant rationnel Ginkgo, super spécialiste des animaux en tout genre, me demande en sortant des Urgences Pédiatriques :
– Si mon petit doigt avait été entièrement décapité, il n’aurait pas repoussé ?
– Je crains que nous n’ayons pas les merveilleuses capacités du lézard.
Après 2 sutures sous le nez au ski, celles de l’auriculaire 1 mois 1/2 plus tard …
… j’en connais un qui va devoir se débarrasser d’une certaine scoumoune invasive.
Note : Pris par l’action, je n’ai absolument pas pensé aux photos. Espérons que l’interne me fasse la faveur de m’envoyer celles qu’elle a faites.
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