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‘Breakdown’ au dessus de l’Atlantique !

Après avoir avalé un plateau à la saveur très ‘discutable’, le soleil a disparu au dessus des nuages, laissant le microcosme aérien sombrer peu à peu dans le sommeil. Assise entre Elle et un inconnu, j’essaye avec peine de trouver ma place, histoire de prendre un peu de repos après un premier vol et une longue escale dans la capitale lusitanienne.

Soudain, je sens son bras gauche bouger nerveusement. Le mouvement saccadé me sort aussitôt de ma torpeur. Des convulsions ! Mummy convulse ! Les yeux fixes, la bouche ouverte, les bras et les mains fébriles, elle se raidit de plus en plus. En un centième de quart de seconde, mon seul but est de la sortir de cet état inconscient.

Les claques semblent être la première meilleure réponse à la situation alors que mon cerveau reprend avec empressement la chronologie détaillée des évènements qui nous ont portées à bord de cet avion. Pourvu qu’elle m’ait dit la vérité concernant ce soupçon d’AVC, il y a 5 mois et la permission des médecins de partir dans un pays si reculé.

Mais rien n’y fait. Les convulsions continuent et j’ai de plus en plus peur qu’elle s’étouffe avec sa langue. Voilà maintenant de longues minutes qu’elle est inconsciente et si je la perds maintenant, j’en connais un qui m’en voudra toute la vie. Mais pourquoi l’ai-je emmenée dans mes errances de routarde boboïsante ?

Effarée de devoir utiliser la formule consacrée, j’appelle donc un médecin dans l’assemblée, réveillée par le claquement des gifles et ma voix répétant de plus en plus fort : « Mummy revient, Mummy réveille toi. Tu m’entends ? ». Parallèlement à ma détermination de ne surtout pas perdre la partie, j’observe l’absurde de la situation, telle une scène de ces films de catastrophe aérienne que j’affectionnais tant étant petite.

Son regard est toujours fixe et derrière sa bouche bloquée, j’ai l’impression qu’elle gémit comme si elle était murée dans son propre corps. Le voisin finit par laisser sa place alors qu’elle commence à vomir. Je me demande ce que font les hôtesses au lieu de m’aider à l’allonger sur les 3 sièges. 10 000 mètres d’altitude au dessus de l’eau à 3000 km de chez soi, ce n’est pas un endroit pour mourir.

Non, NON, ce n’est pas possible !

Sa capacité respiratoire semble toujours fonctionnelle mais son poul est de plus en plus filant. Putain, si ça doit durer encore longtemps, soit c’est la fin, soit il y aura de graves séquelles. Comment la sortir d’elle-même ? Haussant le ton, et giflant à tour de bras, j’enrage intérieurement contre le sort.

C’est à ce moment précis que ses yeux se raccrochent à mon regard et que ses mains se reposent enfin sur ses genoux. Aussi paumée qu’épuisée, elle me demande ce qu’il se passe. Oh, merci, merci, merci, je ne l’ai pas perdue … Mon premier réflexe est de lui faire lever les deux bras simultanément. Le bras gauche n’est même pas à la traîne, son visage semble symétrique et sa locution est normale.

Tous les regards sont fixés sur nous, mais qui peut imaginer ma joie (très vite contrastée par la peur que cela se reproduise) ?

Après la bataille, une femme médecin et une infirmière rappliquent enfin alors que l’hôtesse me propose un masque à oxygène. Elles ne font pas plus que m’écouter relater la situation. Le tensiomètre automatique, enfin retrouvé au fond du sac, relève une tension anormalement basse. Ce qui n’a rien d’étonnant.

Bien qu’elle soit revenue à elle, ce n’est pas la grande forme. Les effets de la crise ne s’effacent pas en un claquement de doigt. L’A320 atterrira bientôt à Sal, en pleine nuit, et je ne peux décemment pas faire dormir ma mère dans l’aéroport (comme prévu) en attendant le lendemain qu’un bimoteur nous mène sur Sao Vicente. Il faut absolument trouver un hôtel afin qu’elle se repose et que je statue sur la suite à donner à l’aventure (initialement censée nous mener randonner dans les montagnes de L’île).

Le rapatriement d’urgence est à un numéro près.

40 min plus tard, une chaise roulante nous attend sur le tarmac de l’aéroport de Sal. Nous passons facilement les contrôles frontaliers malgré leur hésitation devant mon passeport non-biométrique. La mauvaise nouvelle, c’est que les deux distributeurs d’argent sont vides. Pas d’escudo pour payer une hypothétique nuit dans un vrai lit. Il est pourtant essentiel que Mummy fasse relâche, en attendant de voir un médecin.

Dans notre galère, le bureau de change ‘mal aimable’ est tout de même ouvert. Pour un premier contact avec le pays, c’est décidément glauque.
Peu rassurée dans le taxi, l’hôtel le plus proche fera donc l’affaire, même s’il est hors de prix pour une arrivée à 2h du matin !

Je passerai le reste de la nuit à l’écouter respirer …
et à moi-même vomir ce ‘plateau du diable’ !

Passée la stupeur et après analyse des paramètres de retour en métropole, cet étrange épisode se révèlera être un ‘simple’ malaise vagal convulsif lié à la fatigue et au stress des heures précédentes, à l’inquiétude de l’inconnu, la chaleur étouffante de l’avion et à l’action combinée d’un traitement contre l’hypertension et de deux comprimés d’aspirine.

Impressionnant avec le passif et dans ce contexte particulier.

Published inAviationCap VertLe ClanPhotographie

5 Comments

  1. Tant mieux, plus de peur que de mal….

  2. Nous n’avons pas vu de médecin finalement parce qu’elle avait pas mal récupéré le lendemain et nous suivions sa tension quotidiennement. Après Sal, nous avions encore 2 jours à Sao Vicente avant de partir sur L’île. De quoi la garder sous surveillance encore 48h.

    Depuis tout va bien.

  3. bulle bulle

    Et le médecin qu’en a t’il conclue ?????
    Ma pauvre …… drôle de voyage avec le stress comme accompagnateur…………..
    Et maintenant comment ça va ????????????? et pas de spasmophilie ???????????

  4. Après avoir bien analysé la situation, je pense que c’est la concomitance de plusieurs facteurs qui ont mené à cette importante chute de tension.

    Un mélange d’inquiètude due à l’inconnu, de fatigue après déjà de nombreuses heures de voyage, et de 2 comprimés d’aspirine qui ont trop fluidifié le sang, associés au traitement habituel contre l’hypertension.
    La cerise sur le gâteau : le plateau qui comportait manifestement quelque chose de pas très frais, vue qu’il m’a aussi rendue malade.

    Un cocktail détonnant pour initier un syncope vagale prolongée !

    La tension est ensuite revenue à la normale. Elle s’est réveillée reposée et nous avons finalement tenté notre chance en continuant le voyage vers L’île.

  5. Tu crois que c’est une réaction à ce qu’elle a mangé? Ce serait le mieux. Tu n’as rien éprouvé toi, à part le goût ‘discutable’?

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