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Entre ciel et terre … un homme de Camargue.

Les Cabanes de Cacharel,
4 km des Saintes-Maries de la Mer,
09 février 2014

Le Camargue remonte la tête vers un port altier, enroule son encolure puis fait trois pas de coté.
Le regard centré sur sa monture, le jeune cavalier exerce ses talents avec noblesse. Les flamands roses sur l’étang de Vaccarès en arrière plan, il se dégage un souffle intemporel qui me fait frissonner.

Après de multiple fractures à la jambe gauche, lors de sa première course camarguaise officielle, la carrière de raseteur se referme sur lui, sans aucune sollicitude. C’est ainsi que le jeune homme choisit l’élevage du meilleur cavalier de la région comme cadre de deuxième vie.

En traversant le marais du Parc Naturel, la posture fière, il allume une cigarette sous l’œil d’un héron cendré. Allongeant l’allure, les éclaboussures ajoutent du dynamisme au tableau.

Tantôt répétitive tantôt exaltante, sa vie se partage entre débourrage, élevage, ferrade, tri de taureaux, shooting photo et balades à touristes. Le gardian au regard clair profite de la renommée de son patron pour se frotter au dressage de bon nombre de chevaux, hors saison.

Son visage non encore buriné par des années de soleil et de sel contraste avec ses manières de camarguais sans peur. Casquette vissée sur la tête, le gars cultive une image de taiseux décontracté, avouant pourtant au passage que le boulot est bon tant qu’il est jeune, au regard des violents traitements inhérents au métier.

Soudain, le sol se dérobe sous le sabot du cheval qui patauge dans la glaise. Un peu plus loin, le terrain devenu plus ferme offre l’opportunité d’un départ au trot, exhalant toute la grâce de cette race à la robe blanche (grise), libre crinière au vent.

Les aspects les plus délicats du métier sont moins les sollicitations physiques, les moustiques ou les corvées que se coltiner, à la chaine, des touristes plus ou moins aimables et exigeants. Malgré son jeune âge, il coordonne alors les différents ATE (Accompagnateurs  de Tourisme Equestre) et l’écurie, durant la haute saison d’été.

Pour l’heure, il pose pied à terre, ajuste sa casquette avant de ressangler les chevaux pour galoper. D’abord aérienne, l’équipée s’ancre de plus en plus au sol et prend de la vitesse. Le buste droit, les appuis fermes, il révèle toute l’étendue de son aisance entre ciel et terre.

Malgré un petit air de gravure Marlboro Classic, son rêve est de monter une sellerie ambulante. 7 années à thésauriser, cependant l’échéance se repousse toujours, rempilant d’année en année pour cette exaltante vie équestre, probablement plus contraignante que l’on veut bien le penser.

La sarcelle d’été (Anas querquedula) appelée cacharel par les camarguais a quitté l’immensité du delta pour passer l’hiver plus au sud. Reste les cabanes aux toits de roseaux, donnant leur nom au domaine. Denys Colomb de Daunant (1922-2006) les exploita, après guerre, comme auberge pour cavaliers, épris de grand espaces humides et boueux.

Dans l’enclos à proximité des stalles, un Camargue ébouriffé s’exalte au passage du gardian aux yeux clairs. Préservé des balades monocordes, ce cheval de qualité est progressivement monté au printemps afin de retrouver son efficience auprès des taureaux. La fierté transparait au regard du cavalier.

Au plaisir, homme de passion.

Portrait

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Images tournées aux Cabanes de Cacharel

Published inAu fil des jours...FrancePortrait

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