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Là, sur une étagère … mes rêves ont germé.

Ma Complice, amie de collège d’une beauté délicate, m’a ouvert tout un pan d’érudition qu’elle ne soupçonne même pas aujourd’hui.

C’est probablement sa blondeur solaire qui attira mon regard pour la première fois, à moins que ce ne soit le coté aristocratique d’une famille raffinée dont le père était en poste à Berlin, durant les premières années de vie de la gamine. Elle sortait de mon ordinaire et titillait déjà mon imaginaire d’enfant voyageuse. Être née dans un pays non francophone était la prémisse de l’addiction pour l’ailleurs.

Certes les livres avaient une grande importance dans mon milieu naturel. Le dictionnaire toujours sous le coude gauche. Mais ils étaient trop précieux par certains cotés et pas encore de mon âge par d’autres. Aussi, accompagnant Ma Complice à la bibliothèque chaque vendredi soir, je découvrais l’abondance, une nourriture variées et délectable. Feuilleter les ouvrages selon leur couverture, un mot au hasard des pages ou un titre énigmatique ouvrait une faille spatio-temporelle.

Très rapidement, j’abandonnais la ‘section enfant’ pour explorer le mystérieux département ‘Adulte’ aux images plus élaborées, aux sujets plus occultes. Attendre d’avoir l’âge pour les emprunter, encore une restriction pour le bien des mômes qui me saoulait au delà de l’entendement. Mais rien n’interdisait de consulter les ouvrages sur place …

La représentation d’Alger la blanche en couverture Large Vision et le titre mystérieux ‘Rose d’Alger’ de Nine Moati s’imposèrent à moi, au moment opportun. En ces temps où internet n’était pas accessible au commun des mortels, la bibliothèque représentait la source d’informations première, me permettant de forger librement mes propres opinions. L’ouvrage tombait à point, alors ballotée entre ce que j’avais entendu toute mon enfance à propos de l’Algérie et l’arrivée dans ma vie de celui qui allait devenir le mentor de mes 17 ans.

Plus tard, loin de ma steppe natale, alors étudiante, la bibliothèque de la ville nouvelle devint le refuge bienveillant des après-devoirs surveillés du samedi matin, un sas de décompression avant d’aborder un week-end de fiesta ou de révision. Le rayon des ‘Récits de voyage et d’aventure’ était fourni au delà de mes espérances, nourrissant ma quête par force écriture et émotions, m’extrayant ainsi de la sécheresse des années de prépa.

J’y ai d’ailleurs lu 3 livres d’une femme partie, en famille, sur un voilier autour du monde. Les deux premiers livres étaient à la gloire de ce mode de vie qui ne m’était déjà pas indifférent alors que le troisième, libérant sa parole, démontait point par point les deux premiers, rabaissés au rang d’ouvrages alimentaires. Il faut toujours se méfier des témoignages !
Je regrette en avoir oublié les titres et l’auteur que je n’ai jamais pu retrouver. Peut-être Dominique Agniel avec son Et ceux qui vont en mer ou Trois Océans Pour Nous Trois. Un Homme, Une Femme, Un Enfant de Yves et Elisabeth Jonville. A creuser.

Le Marquis de Sade n’avait plus de secret pour moi, ainsi que les correspondances de Saint Exupéry, sans oublier les livres enregistrés qu’il me plaisait à ramener chez moi, soit pour combler quelques lacunes littéraires, soit pour égailler mon esprit durant les taches laborieuses. J’en ai d’ailleurs transmis le goût à Petit Ginkgo lors des voyages en voitures par le biais de la chère voix désinvolte de Bernard Giraudeau.

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Aujourd’hui, les livres me tombent encore entre les mains sous l’effet d’une magie toujours à point nommé. La bibliothèque que Petit Ginkgo fréquente depuis deux ans est spacieuse pour le peu de livres qu’elle renferme. Œuvre architecturale lumineuse, le sentiment d’espace s’en voit renforcé au détriment du rayon ‘Récits d’aventure et de voyage’. Pfff …
Dans cette grande ville au réseau de bibliothèques si développé, j’aurai aimé pouvoir réserver des bouquins qui se trouvent à l’autre bout de la ville, livrés dans celle que j’aime à fréquenter, pour palier cette misère !

Mais l’ambiance des bibliothèques surpasse le fond. La sérénité fluide qui s’échappe entre les étages impose la lenteur et pousse à la rêverie. Je tombe sur ‘Sous l’étoile de la liberté’ de Sylvain Tesson. Il ne suffisait que d’un auteur pour m’enjoindre à m’abonner.  ‘Lettres et journaliers’ de Isabelle Eberhardt finit de me convaincre.

L’inspiration a toujours l’odeur du vieux papier.

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One Comment

  1. […] Familière de la position de Patrice Franceschi, notamment à propos de l’esprit d’aventure, elle pensait s’affranchir de cet ouvrage, ayant tellement lu sur le sujet ces 5-6 dernières années, que rien de plus n’aurait vraiment nourri sa réflexion. [La bibliothécaire modernisera bien son fond, un jour …] […]

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