Ce lundi matin sur le chemin de l’école, passablement agacée par les crises matinales du petit dernier, je tentais d’éviter que Titine se fasse emboutir par un crétin croyant que le clignotant est en option sur une automobile.
Le ton montait car je mettais les points sur les i de Petit Biloba (2 ans et 8 mois), à propos de son comportement, quand enfin arrivés à l’école, j’embrasse Ginkgo (8 ans et 1 mois) en lui disant sur le trottoir :
– Passe une bonne journée mon grand. Je suis désolée pour ces cris mais tu n’es en rien responsable.
– Tu sais pourquoi j’aime les journées d’école ? me dit-il avec un sourire affectueux, sans me laisser le temps de répondre. Parce que comme ça je ne t’entends pas crier !
Interloquée, je le regarde partir avec le cartable trop lourd qu’il refuse de mettre sur ses épaules.
Merde alors !
Après coup, trois axes de lectures me viennent à l’esprit :
* Quelle injustice !
Mes relations avec Ginkgo sont plutôt agréables et globalement sans heurt pourtant.
Et puis voilà des mois que j’expérimente le silence et gère la frustration en me retirant plutôt que de leur faire subir mon courroux, mon analyse de certaines situations sans queue ni tête.
D’autant qu’avec son petit frère, le niveau sonore a largement baissé depuis que nous avons fait une piqure de rappel des approches bienveillantes d’Isabelle Filiozat et Faber & Mazlish. Il me semblait que nous avions trouvé la clef de ses émotions et sentiments et surtout de leur expression.
Ah ben bravo, après que Ginkgo m’ait gentillement glissé que je mettais une sale ambiance, il n’a vu aucun des efforts réalisés pour rendre l’ambiance de la maison plus légère.
Et puis, ce n’est pas moi qui crée ces situations qui font monter la pression.
Merde, j’ai juste le tort d’avoir un caractère à réagir vertement quand la goutte d’eau fait déborder le vase, plutôt que de nourrir un cancer.
Il a quand même la mémoire courte ce ‘sale gosse’ : qui dénoue ses embrouilles avec son père ?
Serait-ce vraiment plus intelligent de les laisser se démerder afin de récupérer la part de ‘gentille’ qui me revient de droit ?
* C’est aussi mon boulot !
Une maman voit tout.
Quand elle est à la maison, elle est garante, au quotidien, du bon déroulé de l’éducation. Je préfèrerais d’ailleurs le mode ‘je m’en foutiste copineur’ mais je le crois contre-productif à long terme !
Il ne me parait pas si anormal de pousser une gueulante quand il faut répéter la même chose pour la quatorzième fois, quand nous sommes encore en retard alors que j’ai tenté maintes solutions, quand Ginkgo met de la mauvaise volonté à faire ses devoirs, malgré l’écoute que nous lui offrons.
* Oh my God !
Mon fils exprime tout haut l’exacte raison pour laquelle j’aimais l’école quand j’avais son âge. Sauf que moi, je n’aurais jamais osé le dire à mon père de peur de le blesser. Le contexte et l’ambiance n’ont pourtant rien de comparable avec ce que nous vivons.
Aurais-je réalisé les mêmes erreurs ? Me transformerais-je donc inexorablement en mon père ?
Je le comprends mieux mon paternel maintenant quand il disait : « De toute façon, quelle que soit l’origine du malaise, c’est toujours celui qui gueule le plus fort qui a tort ! »
Je décide donc de prendre cet incident par l’angle positif : au moins cet enfant peut exprimer ses critiques sans crainte !
Cependant, je crois qu’une vraie discussion bilatérale
et quelques efforts supplémentaires s’imposent.
Epilogue : Ginkgo explique qu’il est drôlement tranquille à l’école … sans son frère qui veut ses jouets et nous qui faisons la police. Pas de contrainte que du plaisir d’apprendre.
Elle est formidable cette école Montessori. 🙂
Nous avons promis de faire des efforts … tous les deux.
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