Le financement … voilà un problème qui n’en est pas un pour le vrai Aventurier !
Gérard Chaliand aborde cette question générale dans De l’Esprit d’aventure à laquelle Patrice Franceschi répond :
« – GC : D’où tire-t-on les moyens d’assurer sa liberté ? (…) L’aspect matériel sur lequel en général on passe très rapidement, comme si c’était un détail, me parait important.
– PF : Disons que c’est un détail important … Mais au fond, il s’agit d’intendance. Et comme disait de Gaulle : « L’intendance suivra … » C’est ainsi, je l’avoue, que je vois les choses. Cette manière de faire me met toujours dans des situations impossibles mais, personnellement, c’est la seule méthode que je connaisse pour parvenir à faire ce que j’ai à faire, même quand je n’en ai pas les moyens matériels.
Quoi qu’il en soit, il faut essayer d’avoir, je crois, ce dédain de l’argent en lui-même, considéré comme moyen et non comme fin. Sinon, rien n’est possible. A l’évidence, tout cela est lié au mépris du confort et des choses matérielles. Finalement, outre la capacité au risque, il faut être capable de dépouillement pour entrer en aventure. »
En ce qui concerne la Mission Terre – Océan, un des seuls articles abordant la question est celui de Jean-Luc BERTET, 1er Mars 2009 dans leJDD.fr : Patrice Franceschi, le corsaire de la République.
« L’homme n’a en effet pas accumulé. Il n’a ni maison, ni voiture, ni Rolex et son vieux téléphone portable serait la honte d’une cour de récré. En achetant l’actuelle Boudeuse, il s’est endetté et doit encore 500 000 euros. Il espère, à l’issue de cette expédition, avoir liquidé ses dettes, mais sans demander à l’Etat de prendre l’aventure à sa charge. « Je lui ai proposé de m’aider à m’introduire auprès des entreprises pour les convaincre de financer une mission publique, définie dans le cadre de la lettre, avec de l’argent privé. »
Evalué à 1,5 million d’euros, le budget total des deux ans d’expédition va enfin permettre de payer l’équipage. Jusque-là, seule la perspective aventureuse avait attiré des bénévoles. Mais « si le volontariat fait partie du jeu, à la longue, le bénévolat plonge tout le monde dans les ennuis avec l’absence de Sécu, notamment »... Pour réduire les frais, Patrice Franceschi a suggéré à la Marine nationale, qui ne possède plus de trois-mâts, de contribuer à l' »effort de guerre ». Un effectif de cinq marins volontaires tournera sur le voilier. Les scientifiques payés par leurs laboratoires ou universités, le budget devrait suffire pour couvrir les salaires restants et les assurances.
Pour autant, le capitaine n’aura pas droit à sa feuille de paie. « J’ai la chance, avec mes livres et mes films, de toucher des droits d’auteur très corrects qui me rapportent, bon an, mal an, 4 à 5000 ? par mois. Et si je réalise de nouveaux docs et écris d’autres livres, ces revenus amélioreront l’ordinaire du bateau. Il suffit de voir dans quel état sont les voiles pour se rendre compte qu’un jeu supplémentaire ne serait pas du luxe! »
Patrice Franceschi parle du financement, des PPP (Partenariats Public-Privé), de la rémunération de son équipage, de ses droits d’auteur dans l’émission de Catherine Ceylac, Thé ou Café du 15 Mars 2009 (47min40).
Dans Latitude 37, Actualités de la Société des Explorateurs Français, n°14, de Juin 2009, on apprenait que :
« Grâce aux premiers financements intervenus, La Boudeuse a pu être démâtée le 25 mai pour descendre la Seine jusqu’au Havre. Le carénage du navire aura lieu en juin et juillet dans cette ville, à moins que ce ne soit à Brest ou à Bordeaux, trois villes avec lesquelles Patrice Franceschi négocie le changement de port d’attache du navire contre une contribution financière pérenne, ce qui n’a jamais pu être obtenu de Bastia, port d’attache actuel. »
Depuis, le carénage a finalement été effectué au Havre.
Fécamp est devenu le port d’attache de La Boudeuse, offrant une contribution financière de 50 000 € par an sur 3 ans, à l’association “Ecole de l’Aventure”, propriétaire du bateau.
BNP Paribas semble être un partenaire impliqué du coté financier (et aussi informatique), comme le décrit le site de la Mission Terre – Océan et notamment en soutenant un programme scientifique d’étude de la pollution des rivières par le mercure et de la déforestation en particulier, autour des fleuves Amazone, Orénoque et Parana. On parle également d’un programme jeunesse dans BNP Paribas, partenaire de la mission « Terre Océan » menée par le trois mâts La Boudeuse (chaque mois, un concours sera organisé afin de gagner un voyage à bord de La Boudeuse).
Le budget global n’a pas fait d’un nouveau jeu de voiles, une priorité. D’ailleurs, les anciennes ont manifestement bien résisté à la traversée de l’Atlantique.
A quel pourcentage du financement contribuent les productions du bord : livres, DVD et reportages réalisés par l’équipage ?
Si vous souhaitez encourager La Boudeuse, devenez membre de l’association « La Boudeuse autour du monde ». Cliquez ICI !
Combien coûte par jour un 3 mats comme celui là ?
Comment assurer, au sens financier, une telle expédition ?
Déjà au temps de La Jonque, je me posais ces questions, qui peuvent paraitre bien indiscrètes … mais ce sont des réalités qu’il convient de connaitre pour apprendre sur tous les aspects d’une telle aventure.
« Quand je constate, par exemple, que beaucoup de vocations d’aventure s’arrêtent faute de moyens financiers, je me dis toujours qu’il ne devait pas s’agir de véritables vocations. On se console comme on peut … »
P. Franceschi, De l’Esprit d’aventure.
Certes, mais comment concilie-t-on sa propre aventure et la pérennité financière des siens, de ses enfants ( études par exemple …) ?
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Patrice Franceschi, le corsaire de la République, leJDD.fr, 01-03-2009
Latitude 37, n°14,Société des Explorateurs Français, Juin 2009
« La boudeuse » a largué les amarres, www.ville-fecamp.fr, 21-10-2009
Deliberations_du_conseil_municipal_du_9_octobre_2009, www.ville-fecamp.fr, 09-10-2009, p2 et p25-26
BNP Paribas, partenaire de la mission « Terre Océan » menée par le trois mâts La Boudeuse, www.edubourse.com, 14-10-2009
[…] financement de l’expédition Terre-Océan a toujours été une sujet peu exposé. Cf. La Boudeuse 2010 – L’intendance suivra … !? Un peu dans l’esprit du “Grillon” de J.P Claris de Florian : “Pour vivre […]