La nuit rentre par mes gants.
Le froid est tombé depuis plusieurs kilomètres.
Il faut bien l’avouer, après tout ce temps, je suis un brin anxieuse de les revoir tous.
Ange ralentit à l’approche du gite d’Entremont Le Vieux, quand je reconnais, par la fenêtre du premier étage, ce visage (pourtant jamais rencontré auparavant) qui jette un œil sur les tardifs arrivants.
La plupart des motos sont déjà là.
Voilà, nous y sommes …
… de quoi mettre un terme à ma convalescence sociale.
N’être que soi-même et à propos.
Quelques bises à des pseudos sur lesquels je n’avais pas encore collé de bouille, puis les bras d’un jeune papa (qui dort bien la nuit) nous accueillent. La masculine moitié des Adorables m’offre alors son aile pour cette première soirée. Quel plaisir aussi de retrouver les marins d’eau Corse et leurs enfants !
Les histoires défilent et avec elles, les détails déjà cernés me montrent combien ces gars m’ont manqué !
A l’occasion, une tonalité de professionnelle cordialité me questionne pour tenter de me jauger.
Vivement qu’on roule.
Le lendemain ensoleillé voit le Grand Saint Bernard venir me faire un hug ‘casque à casque’. Sous le ciel contrasté, nous n’arpenterons pas les montagnes avec lui, ce jour, mais c’est sûr, nous aurons plein de choses à nous dire, le soir venu.

Partis pour une jolie boucle, un p’tit col, quelques routes à chèvre et de nombreux virages (nous sommes là pour ça, tout de même) entrecoupés d’un déjeuner au bord du lac de Carouge, je sens le pilote plus à son aise (bien qu’en duo) qu’il y a trois ans, en solo. Entrons en phase.
Là-bas en tête, la lionne attaque sur sa Multistrada.
Diu que j’aimerais bien toiser le bitume comme elle. Son tempérament m’intrigue toujours autant, depuis toutes ces années. En devineresse, elle me propose de finir la journée en goutant à son italienne.
Je pense lui devoir les courbatures cuisses-biceps qui suivirent. 🙂
Comme je l’imaginais, la lionne a du mordant, elle entreprend la route avec fougue et précision. En sac de sable bien gainé, je tiens ses reprises avec vigilance et suis ses oscillations avec un sourire jusqu’aux oreilles.
Heureusement qu’elle a pour principe de ne pas pousser, en fin de journée …
Nom de Dieu, il faut que je sache faire ça !

Après une petite pause Beaufort, nous voilà donc à l’étape du jour. Quel luxe de profiter d’une chambre intimiste ! Transformée en versaillaise, je m’amuse du contraste de cette apparence au milieu des motards de tout horizon.
Ainsi entre l’apéro saucisson et la poire, les discutions (mécanique, vieux souvenirs d’ado, projets, voyage, divorce, entreprenariat, photo et reprise d’étude) fusent et assurent une excellente soirée. Cependant, en marge de ces sympathiques drilles, plutôt contents de nous revoir, je décèle deux brins de distance, pourtant inexistants la veille.
Après une vraie nuit de sommeil et quelques virages, via le col des Aravis, je tombe en amour pour une Monster à ma taille. Nous finirons avec une petite tartiflette à Annecy où j’ai enfin découvert, en réel, la photographie que tout le monde shoot dans ce pays !

Ne pas faire cas du sempiternel défaut de considération, se réjouir des nouvelles rencontres puis rentrer à Lyon, sous 3 gouttes de pluie.
Dernière reconnexion à mon ancienne vie sociale achevée !
Essai à transformer.
Version 2014 par DoLoop
Bravo et merci Caps: tu sais faire rêver même ceux qui n’ont jamais goûté aux randos en moto. Le ressenti est admirable et le style excellent, parce que tu écris cela avec ton coeur.
Merci pour ce moment de rêve.